mercredi 11 décembre 2013

Communiqué du MAC à la suite du décès de Hakim Falek


Le Mouvement Autonomiste Chawi (MAC) vient de rendre public un communiqué  suivant suite à la mort du jeune Hakim Falek .

" Un jeune Chawi vient de mourir, par rage et désespoir.
Hakim Falek, le jeune de Tazougaght qui s’est immolé le 5 décembre vient de décéder des suites de ses blessures .
Nous adressons à sa famille et ses proches nos sincères condoléances.
Nous sommes attristés et choqués par cette nouvelle, comme nous avons été attristés et choqués lorsque nous avons appris son geste.
Quel est ce pays ou les jeunes doivent se cramer pour exprimer leurs rages et leurs désespoirs ?
Quel est ce pays ou un agent de l’Etat vous dit « va te cramer si t’es un homme » ?
Quel est ce pays ou l’administration humilie, méprise et ignore la population dont elle à la charge ?
Nos parents et nos grands-parents ne sont pas morts pour voir leurs enfants et petits-enfants être traités comme des indigènes.
Nos parents et nos grands parents ne sont pas morts pour voir l’administration algérienne se comporter comme l’administration coloniale française.
Le Jeune Hakim Falek est mort !
Ce n’est ni un lâche ni un impie !
Il est mort pour protester contre l’arrestation de sa famille qui effectuait un sit-in, pacifique, de protestation devant la mairie.
Et contre quoi cette famille protestait ?
Contre la misère dans laquelle elle vivait, pour un logement social, pour la dignité.
Le Mouvement Autonomiste Chawi désigne comme responsable de la mort du jeune Hakim, le maire de Touzgouart qui n’a pas su trouver une réponse juste et humaine au désespoir de sa famille, ainsi que l’agent de police qui lui a dit d’aller se cramer.
Nous n’oublierons pas !
Et pour finir, nous adressons un message aux jeunes Chawis :
Ne vous brulez s'il vous plait, ne mourez pas !
La vie est belle malgré tout.
Restez vivant, ne vous résignez pas, c’est ce qu’ils veulent.
VIVEZ ! LUTTEZ !
Que ton âme repose en paix Hakim."

Khenchela : le jeune qui a tenté de s’immoler a succombé à ses blessures


Falek Hakim, le jeune de Tazougaght (Khenchela) qui a tenté de mettre fin à ses jours en mettant le feu à son corps vient de succomber à ses blessures apprend-on de sources hospitalières du CHU de Batna où il a été transféré le soir du 5 décembre.
Les déboires de la famille de Hakim et l’extrême précarité où elle vivotait depuis des années sont connus de toute la population de la petite ville de Tazougaght. Les demandes formulées par son frère aîné (marié et père de famille) pour accéder à un logement social sont restées vaines. A chaque fois qu’il se déplaçait à la mairie pour plaider sa cause, il en ressortait avec des chimériques promesses. A bout de souffle, il décide d’observer un sit-in de protestation devant le siège de la mairie jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause et accède enfin à son droit le plus légitime : celui de pouvoir offrir un toit à sa famille.

Sur une plainte de la mairie de Tazougaght, les policiers l’ont délogé de sa tente d’infortune qu’il a installée devant l’entrée de la mairie et qui contenait ses meubles et ses maigres effets personnels. Conduit au commissariat pour l’enquête, il a été aussitôt rejoint par son frère Hakim. Ce dernier a tenté de convaincre les policiers de libérer son frère et de lui restituer ses biens qu’ils ont confisqués. D’après les témoins, la discussion a tourné court et le jeune a été chassé sans ménagement par les policiers. Il reviendra quelques minutes plus tard muni d’une bouteille d’essence et d’un briquet, il grimpe sur le mur d’enceinte du commissariat et menace de s’immoler si les policiers ne libéraient pas son frère. Sa menace ne fut pas prise au sérieux par les éléments de la sûreté urbaine et le drame se produisit. La foule qui a assisté au geste fatal du jeune Hakim a été effarée par ce spectacle d’une extrême cruauté.
Admis en urgence au CHU de Batna pour des brûlures de troisième degré au visage et aux thorax, Hakim a rendu l’âme ce mardi matin après une semaine de souffrance.

Par :Jugurtha Hanachi paru au Matin.dz .

mardi 3 décembre 2013

Abderrahmane Bouali « Ammar Negadi avait la faculté d'user de mots justes pour dénoncer des situations foncièrement injustes »



Abderrahmane Bouali fut sans doute le  précurseurs de l’activisme chaoui sur le Web, à travers son premier forum crée en 1997 et ensuite le site "Aureschaoui.free.fr" qu’il a conçu quelques années après, il a mené la résistance culturelle sur le « front numérique », après avoir collaboré avec Ammar Negadi dans le cadre de l’association « Awras ichawiyyen » celui qu’on connait sous le nom d'"Abder" porta le combat culturel sur la toile , prêtant  constamment  une oreille attentive à ce qui se passaient dans les Aurès , il a médiatisé à travers son site plusieurs évènements tragiques qui se sont produis dans le pays chawi et qui ont été frappés d’un black-out médiatique par le pouvoir et sa presse stipendiée , Mayu Aberken , événement tragiques de Kaïs …etc.C’est grâce aux publications d’aureschaouia que le mausolée imadghacen a pu être clôturé . Le site subira maintes tentatives de sabotage et sera ensuite censuré en Algérie.
Homme discret et fuyant toujours la lumière,  Abderrahmane Bouali a beaucoup donné au mouvement culturel auressien.
A l’occasion du cinquième anniversaire de la disparition de son ami, le grand militant Ammar Negadi , il reviens avec nous dans cet entretien sur le parcours de son ami Mas Ammar dont il était très proche .

Comment avez-vous rencontré Mas Ammar Negadi ?
Abdarrahmane Bouali : Vivant déjà à Paris depuis 13 ans, j'apprends un matin de 1994 par ma nièce l'existence d'une association chaouie - Awras ichawiyyen - qui produisait une émission musicale hebdomadaire du même nom sur les ondes FM d'une radio de la région parisienne. J’ai pris contact avec cette association. Mon premier contact était Ammar Neggadi qui m'a reçu lors de la fête de Yennar organisée dans les locaux de l'association dans le 14e  arrondissement de Paris.
Avez-vous travaillez avec lui ?
Abdarrahmane Bouali : Oui, on a projeté de travailler ensemble dès cette première rencontre, la première de nos tâches était de garantir la présence chaouie via les ondes de cette émission certes, courte mais efficace. Les chansons et poésies chaouies (d'expression exclusivement chaouie) du moment servaient de ciment avec la communauté chaouie de la région parisienne qui nous écoutait et participait à l'émission. Les permanences assurées tous les samedis les locaux de l'association permettaient à rassembler notre communauté. Lors de ces permanences, je découvrais tous les samedis des membres de la communauté d'horizons divers (de simples ouvriers, cadres, chercheurs, journalistes, des artistes...). Ainsi, on a étoffé l'émission radio de rubriques telles les "traditions et fêtes chaouies" et surtout " Prénoms amazighs célèbres" tirée du fascicule écrit par Amar NEGADI, on évoquait les prénoms portés par des célébrités amazighes.
L'association a fini par être dissoute pour des raisons de tiraillements, de tentative de récupération par la radio FM et de guerre des tranchées. J'avais fait la promesse à Amar de porter notre activité associative chaouie sur internet en créant un forum en 1997. En 2001, j’ai crée le site Aureschaouia.free.fr dans lequel Amar Negadi était l'un des principaux contributeurs avec Djemaa Djoghlal et Rachid Hamatou.
Ensuite, j'ai développé ce site pour permettre la collecte de photos et images touchant à notre patrimoine amazigh et aussi algérien de manière générale par l'ajout d'une photothèque (+ de 2000 photos collectées en grande partie par moi-même) et d'un forum aux thèmes très riches traitant de l'histoire, de la géographie, de la société, de l'économie, de la corruption, de la citoyenneté sans oublier le thème central : l'amazighité.
Il y avait dans le site une rubrique "les livres chantiers"
Abderrahmane Bouali : La rubrique était une idée de Amar que je trouvais excellente. Malheureusement, le sujet est si vaste qu'il nécessite à lui seul tout un site et une équipe dédiés. Le site a été plus souvent cible d'attaques, de dénigrements et de tentatives de récupération que de contributions.
Le vœu le plus cher à Ammar Negadi fut de constituer une grande  bibliothèque dans les Aurès afin de permettre à la jeunesse chaouis de connaitre sont histoire, pourquoi ce projet a-t-il échoué ?

Abderrahmane Bouali : Sur son lit de mort, Amar a chargé Djemaa de s'occuper de la récupération de sa base documentaire pour en faire don à une bibliothèque dans les Aurès. Malheureusement, cela n'a pas pu se concrétiser pour des raisons familiales.
Quelques jours après son enterrement, et malgré les contraintes,  un grand hommage lui a été rendu à Tamarwent dont vous étiez l’initiateur, parlez-nous de cet évènement
Abderrahmane Bouali : Je n’étais pas seul, il y avait plusieurs militants et amis de Ammar Negadi ,  l’hommage a eu lieu le 16/12/2008  à la maison de culture de Merouana , l’évènement a drainé une foule immense , Une conférence-hommage lui a été dédiée  durant laquelle de nombreux amis et compagnons de combat comme  Saci Abdi ,Ammar Aliane , El-hadi Bouras , Aissa Brahimi , Yacin Merchiche  se sont succédé sur l’estrade pour parler de l’homme de conviction et de vertu qu’il fut , d’autres amis n’étant pas présents à l’image de  Amirouche ighounem , Slimane, Djemaa Djoghlal, Salah Laghror  ont tenu malgré la distance à intervenir et lui  rendre hommage depuis Paris à l’aide d’un téléphone relier à un amplificateur vocal .

La poésie aussi était présente , Djimi Mazigh et Aksel en tenu de guerrier numide ont déclamé des poèmes en l’honneur du défunt qui ont subjugué le public.
En présence de ses  enfants Agnès, Stéphanie et Yaghmoracen et Darris très émus, la journée s’est achevée par la visite du cimetière où une gerbe d’olivier flanqué du Z berbère et un grand cadre portant une photo de Amar Negadi à Taxlent furent déposé sur sa tombe.

Pour conclure cet entretien, pouviez-vous nous décrire Ammar Negadi en quelques mots ?
Abderrahmane Bouali : Ce fut un militant infatigable qui carbure à cette essence que seule la noblesse de notre cause chaouie-amazighe sait produire et nous en enduire. De tempérament calme et posé, Il avait cette faculté d'user de mots justes pour dénoncer des situations foncièrement injustes , il savait fédérer les intégrités des uns et des autres autour de lui.il avait ce rêve, que tout exilé caresse, de retourner vivre à Tamerwent et y créer une bibliothèque pour les Aurès qu'il portait dans ses tripes. Ce qui nous reste de lui est cet acharnement dans la lutte qu'il menait avec discernement. Il savait séparer le bon grain de l'ivraie.

mercredi 27 novembre 2013

Zoui dit adieu à Amara Achour


Le 30 novembre 2012 s’est éteint à son domicile à Zoui Amara Achour, vaincu par un cancer pulmonaire auquel il a résisté pendant une longue et pénible année, l’Aurès a perdu un de ces valeureux fils qui ont porté haut et fier son étendard .

Amara Achoura est né le 12 décembre 1969 à Zoui (Aïth Réchech), très jeune il s’intéressera à l’Histoire de l’Aurès, à 15 ans et dans un contexte politique difficile le jeune Amara Achour  et ces amis tenteront de créer une association culturelle, ils vont tout de suite se heurter à la machine répressive du parti unique.

Quelques années après et à la faveur du soulèvement d’octobre 1988 qui a ouvert de nouveaux horizons à la jeunesse algérienne et surtout chaouie , Amara Achour et son ami intime Djamel (plus connu sous le nom Djamel Mazigh)   vont se retrouver à Tizi Ouzou à la cité universitaire Hasnaoua , il vont faire la connaissance d’un jeune chanteur kabyle très prometteur , Matoub Lounes ,  il leur présentera des jeunes chaouis venu d’Ighzar Amellal , parmi eux un chétif adolescent passionné de musique , Amirouche Ighounem . Amara Achour se liera d’amitié avec Amirouche et ses compagnons et vont constituer l’embryon du mouvement culturel chaoui .

Passionné de culture berbère et avide de découvrir les autres  Amazighs, Amara et Djamel se rendront au Maroc dans les régions berbères en 1992, en Lybie quelques mois après, ils trouvent presque les même coutumes et presque la même langue, réalisent alors tous les dégâts des politiques néfastes des régimes postcoloniaux en Afrique du nord  qui ont travaillé d’arrache-pied afin de tenir éloigner les uns des autres  les jeunes des régions berbérophones pour mieux les bâillonner .

Entre le marteau du parti unique et l’enclume de l’extrémisme islamiste

Début de l’année 93 le chaos s’installe dans le pays , et les intimidations redoublent contre Amara Achour et son groupe d’ami , l’administration leur interdit toute activité culturelle , ils sont taxés de « d'apostasie » , de « complotisme » , de « kabylisme» (sic)  …Djamel mazigh se souvient  «L’été 93 avec  Amara  nous avions visité l’Italy et avions séjourné quelques jours ,  lorsque nous revînmes à Zoui , on a fait propagé une rumeur selon laquelle nous serions  financé par le Vatican pour fonder une église à Zoui ! » .

Loin d’être découragés , Amara Achour continuera son combat , avec du Verbe cette fois , il écrit plusieurs poèmes , dont un sera chanté par Massilia , fondera avec ces amis l’association « Igoudher » en 1999 qui sera enfin agrée et qui se distinguera par  son activité prolifique .

Le 13 mai 2004 , la petite commune de Tkout se révolte contre l’injustice et l’arbitraire , la répression fut sauvage , c’est Mayu Aberken ! , Amara Achour et ces amis ne pouvaient pas rester de simples spectateurs  , ils organisent des marches et des sit-in devant la gendarmerie de Zoui en  solidarité avec leur frères de Tkout , plusieurs seront arrêtés et traduit devant la justice  , ils s’en sortiront avec de lourdes condamnations .

Début 2011 il découvre qu’il a un cancer broncho-pulmonaire  en phase avancée , il livrera un ultime combat contre la tumeur et s’éteindra le 30 novembre 2012 laissant derrière lui une femme et trois enfants .

Tous ceux qui l'ont connu gardent de lui l'image d'un homme chaleureux , affable et d’une grande générosité .

mercredi 13 novembre 2013

Khenchela : La société civile se mobilise pour sauver l’enseignement de Tamazight


Les ennemis de tamazight dans le pays chaoui composé de petits larbins du régime et autres derviches tourneurs de l’arabo-baâthisme semblent animés d’une volonté inébranlable à combattre inlassablement  toute manifestation de la culture amazighe, après l’épisode du département de tamazight de Batna qui a vu se liguer contre lui  tout une armée de pantin téléguidés, c’est le tour de Khenchela où l’enseignement de tamazight  mobilisent la volonté de ces obtus racistes. Alors que la wilaya compte à peine 3 enseignants de cette matière le  directeur du CEM  Belfadhel Bayazid d’El Hamma veut porter le coup de grâce à tamazight dans la wilaya de Khenchela, poursuivant son entreprise haineuse contre l’enseignante qu’il harcèle depuis des années afin de la pousser à la sortie, il s’est avisé la semaine passée de décréter que 155 élèves de la première année moyenne seront dispensés d’apprendre Tamazight . Les enseignants de Tamazight dans le grand Aurès, de Khenchela , Batna , Tébessa , Biskra , et Oum El  Bouagui  ainsi que toute la société civiles dans le pays chaoui ont tenu à exprimer leur solidarité avec l’enseignante ,  ils ont appelé les  autorités compétentes « à ouvrir une enquête sur les agissements de ce directeur qui a profité de son poste pour manipuler les parents d’élèves et  exercer un chantage abject envers l’enseignante » , ils ajoutent dans un communiqué envoyé à notre rédaction  « Nous exhortons le ministère de l’éducation nationale à satisfaire enfin les exigences maintes fois formulées par les  enseignants de Tamazight dans les Aurès et à améliorer leur condition de travail » , et pour conclure ils insistent sur  « l’urgence de généraliser l’enseignement de Tamazight sur tout le territoire national et d’abolir le préalable de la demande sociale,  afin de  permettre à cette langue nationale de prendre enfin son essor » .

Communiqué :
Suite à la décision injustifiée  prise par le directeur du CEM (collège d'enseignement moyen) Belfadhel Bayazid d’El Hamma (Khenchela)  d’arrêter les cours de Tamazight pour les élèves de première année moyenne, cette décision qui obéit à une arrière pensé idéologique plutôt à un impératif d’ordre pédagogique  constitue une atteinte flagrante à l’une des constantes essentielle de l’identité algérienne.Nous soussignés, acteurs associatifs  et membres de la société civile dans le grand Aurès  tenons à apporter les précisions suivantes :
1- Nous  condamnons énergiquement cette inique décision et appelons à la reprise des cours le plus vite possible.

2-Nous appelons les autorités compétentes à ouvrir une enquête sur les agissements de ce directeur qui a profité de son poste pour manipuler les parents d’élèves et exercer un chantage abject envers l’enseignante.

3-Nous exhortons le ministère de l’éducation nationale à satisfaire enfin les exigences maintes fois formulées par les  enseignants de Tamazight dans les Aurès et à améliorer leur condition de travail.

4- Nous insistons sur l’urgence de généraliser l’enseignement de Tamazight sur tout le territoire national et d’abolir le préalable de la demande sociale,  afin de  permettre à cette langue nationale de prendre enfin son essor.