mercredi 17 juillet 2013

Tailleurs de pierre de T’kout , l’hécatombe continue


La silicose ne connait pas apparemment de répit et poursuit inlassablement son entreprise  funèbre à  T’kout , pendant cette première semaine du ramadan deux anciens tailleurs de pierre en sont morts , le premier Kamel Bezzala, un père de famille (deux filles en bas âge) natif de Taghit, âgé de 35 ans, et le deuxième Salim Berrhail,  âgé de 30 ans et originaire de Chénaoura  s’est éteint  dans la soirée du lundi et a été enterré, ce mardi 16 juillet.
Salim Berrhail alité depuis une année et dont l’état de santé ne cessait de se dégrader  a été défendu par Me Kouceila Zerguine pour faire valoir son droit à une prise en charge médicale , l’avocat et membre de la ligue algérienne des droits de l’homme a saisi les instances  onusiennes lors du 22ème réunion du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève pour dénoncer  le non respect  par l’Etat algérien des droits des tailleurs de pierre  et notamment le droit
échus à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible. Me Zerguine comptait également introduire le mois prochain un appel urgent auprès du groupe de travail sur les droits économiques, socioculturels qui se réunira à Banjul (Gambie) .


Malgré l’hécatombe qui se poursuit à T’kout et en dépit des appels réitérés à une véritable prise en charge de ce drame , les autorités algériennes continuent à faire la sourde oreille , alors qu’il y a 360 autres tailleurs de pierre sont au stade avancé de la maladie dont  14 sont sous respiration  artificielle .

dimanche 7 juillet 2013

Nouri Seghir , le grand artiste nous a quitté




La salle du théâtre régional de Batna ne verra plus la frêle silhouette de Nouri Seghire à sa place ordinaire, le grand habitué des lieux s’est éteint  le 9 juin dernier.

Nouri Seghire est né en 1963, diplômé de l’université de Constantine en psychologie, il était de condition modeste, il multipliait les petits boulots, manœuvre dans des chantiers, portefaix, saisonnier, pour subvenir à ces besoins et ceux de sa mère avec laquelle il vivait chichement dans une maison exigüe.

Ce dénuement n’a pas empêché Nouri Séghire de poursuivre sa grande   passion pour  le quatrième art,  d’abord acteur dans des petits rôles, le théâtre régional de Batna lui donnera sa chance  qu’il va saisir  et aussitôt  montrer  l’ampleur  de son talent , sa première pièce en tant qu’auteur était une adaptation ( en arabe) de l’une des œuvres du dramaturge Saâdallah Ouannous , elle aura le premier prix dans le festival  national du théâtre amateur de Mostaganem , en 2012 il va éclabousser de son talent  le festival de théâtre amazigh  avec sa deuxième pièce «  Ikenken » une traduction en tachawit de « Rhinocéros » d’Eugène Ionesco réalisée par Samir Oudjit  , elle raflera 4 prix .

Enfin une troisième pièce  en tachawit qu’il achevée, il s’agit de L’âne d’or ou les métamorphoses d’Apulée de Madaure qu’il a confié à Samir Oudjit   pour la réaliser, malheureusement la mort a été plus prompte, la pièce apparaitra à titre posthume.

A l’occasion des journées théâtrales maghrébines un  vibrant hommage lui a été rendu  en présence de sa mère et de son frère, les artistes qui l’ont côtoyé ont été unanimes pour reconnaitre en lui un grand artiste et  passionné du théâtre et de la littérature  et louer sa modestie dont  il ne s’est jamais départi.

vendredi 5 juillet 2013

Département de Tamazight à Batna, est-ce enfin le bout du tunnel ?



Le ministère de l’éducation nationale aurait donné son accord pour l’ouverture d’un département de langue amazigh à l’université  Hadj Lakhdar Abidi de Batna,  l’information qui a circulé depuis hier sur les réseaux sociaux n’est pas encore confirmée.
Ce projet qui remonte à l’année 1995 après la création du haut commissariat pour l’Amaziguité  est resté des années durant otage de la bureaucratie et le manque de la volonté politique. Relancé en 2004 avec la création d’une commission qui avait pour mission d’étudier ce dossier, après plusieurs réunion de travail la dite commission a adressé à la tutelle une “fiche d’habilitation”, seul l’accord du ministère suffisait afin que le département voit le jour, hélas, tamazight dans les Aurès n’était pas à l’ordre du jour et cette fiche ainsi que le rêve de milliers de chaouis fut enterré, et le département fut renvoyer  aux calendes grecque.
Depuis, des associations n’ont cessée de revendiquer le droit pour les chaouis d’étudier leur langue chez eux, une mobilisation importante sur les réseaux sociaux est allé crescendo, des pétitions ont vues le jour  pour exiger que ce projet qui croupissait dans un terroir au ministère de l’éducation soit enfin libéré.
Pour rappelle, les bacheliers chaouis qui voulait étudier Tamazight étaient contraints de se déplacer en Kabylie  ce qui a freiné considérablement l’essor de Tamazight et pénalisé l’enseignement  qui demeure encore dans les Aurès , très marginal tout palier confondu.

mercredi 3 juillet 2013

Rapport sur les droits de l’homme en Algérie, le drame des tailleurs de pierre est pour la première fois évoqué


Les conditions déplorables des tailleurs de pierre de T’kout viennent d’être dénoncé par le rapport annuel du collectif des familles des disparus  (CFDA) sur la situation des droits de l'homme en Algérie , dans le dixièmes chapitre sur « les droits économiques » et abordant le volet du « travail informel » le rapport note que :

"La situation des tailleurs de pierre de T’Kout, dans la wilaya de Batna, illustre parfaitement les risques liés au travail informel : pour faire face au chômage, de nombreux hommes se sont effectivement tournés vers ce métier qui présente des risques sanitaires très importants. Si les règles d’hygiène ne sont pas respectées, les travailleurs s’exposent effectivement à la silicose, responsable du décès de quatre-vingt-huit tailleurs de pierre en 2012. Les conditions précaires dans lesquelles travaillent les employés informels les exposent particulièrement à ce risque et privent leurs familles de toutes ressources en cas de décès. Elles n’ont en effet pas droit au capital de décès, au financement de l’inhumation, ni à la prime pour les veuves et les orphelins mineurs. Le 30 août 2010, le décret exécutif relatif à la protection des tailleurs de pierre a été adopté. Ce décret qui s’ajoute au Code du travail et à la loi n°90-03 relative à l’inspection du travail qui garantissait déjà le droit à l’hygiène et à la sécurité des travailleurs, n’a mis en place aucune mesure concrète pour protéger les tailleurs depierre. En effet, en pratique ni l’inspection du travail ni la médecine du travail, n’ont les moyens humains et matériels pour effectuer des contrôles."
C’est la première fois que le drame des tailleurs de pierre de T’kout est évoqué dans le cadre d’un rapport sur  la situation des droits de l’homme en Algérie , c’est grâce en partie au travail acharné de Me kouceila Zerguine le défenseur des jeunes tailleurs de pierre qui a porté dernièrement l’affaire devant les instances internationales pour dénoncer l’inertie des pouvoir publics algériens qui n’ont pas encore pris les dispositions nécessaires pour venir en aide aux victimes et encadrer enfin cette profession .