Les habitants de la ville de T’kout , Taghit et les localités environnantes s’apprête à commémorer aujourd’hui le neuvième anniversaire de « Mayu aberkan » , la date du 13 mai marque le début d’une répression féroce contre une population désarmée , durant plusieurs mois les éléments de sécurité auront " carte blanche " pour utiliser toutes les méthodes, non seulement pour rétablir l’ordre au plus vite mais aussi et surtout pour le faire de telle manière à ce que plus jamais les habitants de cette région ne puissent avoir l’idée de contester ou de protester contre n’importe quel abus des autorités , insulte , tabassage , violation de domicile , détention abusive , et viol , toute la panoplie des violences physiques et psychologiques a été déployée par les éléments de sécurité .
Genèse des évènements:
Le drame commence à Taghit , une commune voisine de Tkout ,
après l’assassinat d’un jeune homme abattu à bout pourtant par un garde communal. À l’origine du drame : un menu larcin d’une
affligeante banalité, Chouaïb Argabi et son ami, Ali Remili de retour chez eux
dérobent quelques denrées alimentaires
d’une épicerie de Ghassira , ils vont ensuite cacher leur maigre butin dans un
bosquet près du cantonnement de la garde
communale en se promettant de revenir la
nuit venue le récupérer , d’après le Djamel Alilat , journaliste de liberté-Algérie à l’époque qui a recueillis
les témoignages de la famille de Chouaïb
Argabi , les gardes communaux furent
informé de la rapine des deux
amis et de l’endroit où se trouvait leur butin , ainsi lorsque les deux
jeunes arrivèrent sur les lieus , les
gardes communaux les attendaient déjà
, « Il est 20h30, il fait nuit,
mais trois puissants projecteurs convergent leur lumière vers la scène où va se
dérouler le drame. Un garde tire sur Chouaïb à bout portant. Sans sommation. À
trois ou quatre mètres de distance, il lui loge 8 balles dans la tête et dans
le thorax. Son ami, lui, est indemne mais il est en état de choc. Des
villageois affirment avoir entendu une voix rageuse qui criait : “Amar, arrête
de tirer !”. Et le dénommé Amar de répondre : “C’est bien Chouaïb qui est mort,
n’est-ce pas ?”. C’est l’un de ses collègues qui a arrêté le tireur en levant
le canon de son arme vers le ciel et en lui criant : “Habess ya âmar !” » .
Après avoir ouvert le feu, les gardes communaux ont laissé le mort sur place en
écartant les curieux et sont allés chercher les militaires cantonnés à
Tighanimine. À 1 heure du matin, après avoir fermé la route à la circulation,
la dépouille du jeune Chouaïb est emmenée à la morgue d’Arris puis à Batna.
Après avoir appris la tragique nouvelle ainsi que la bavure
et le comportement pour le moins équivoque des gardes communaux, les
habitants de Taghit en conclurent qu’il
s’agissait d’un règlement de compte, tout le monde avait encore à l’esprit la mésaventure de Chouaïb Argabi au lycée de
Tkout où il fut renvoyé par
l’administration à cause de son appartenance au mouvement citoyen des Aurès
alors très actif dans la région , ainsi que pour ses idées berbéristes jugées
subversives .
Ce drame va mettre le feu aux poudres et embraser toute
la région, il donnera lieu au fameux « Mayu aberken » (Mai le noir)
où la répression féroce des éléments de sécurité conjuguée à une justice aux
ordres, va s’acharner des mois durant
sur une population déjà martyrisée par
la pauvreté et le dénuement, violence ,
tabassage , violation de domicile ,
insulte , torture , sodomie , la population de Tkout a vécu un cauchemar qui
rappelait par sa sauvagerie celui des parachutistes français pendant la guerre de
révolution dont la région été le bastion .
Chronologie des évènements :
-
Le 14 mai, au lendemain de la mort de Chouaïb
Argabi , au centre de Tkout, Selim
Yezza, l’un des délégués les plus en vue du mouvement citoyen des Aurès , anime
un meeting où il appelle à la solidarité
avec les citoyens de Taghit. Aussitôt,
des dizaines de jeunes prennent la direction de cette localité. Arrivés là-bas,
ils ferment la route à la circulation et exigent le départ des gardes
communaux.
- A l’arrivée des militaires d’Arris, les
gardes communaux sont désarmés et cantonnés dans une mosquée tenue sous bonne
garde. Vers 19 heures, les jeunes de Tkout, Taghit et Ghassira investissent la
petite caserne des gardes communaux et sortent tout ce qui s’y trouve sur la
chaussée avant d’y mettre le feu.
- Vers 13 heures, le commandant du secteur militaire arrive, accompagné d’un colonel. il parlementera avec Selim Yezza. Mais le ton monte rapidement entre le colonel et le délégué du mouvement citoyen, le dialogue tournera court.
- Vers 13 heures, le commandant du secteur militaire arrive, accompagné d’un colonel. il parlementera avec Selim Yezza. Mais le ton monte rapidement entre le colonel et le délégué du mouvement citoyen, le dialogue tournera court.
- Les autorités
semblent privilégier la force, un renfort de force anti-émeute arrivera d’Ain Yagout dans l’après-midi, Salim Yezza et son ami
Abderazzak seront désigné comme étant
les meneurs de la contestation, ils auront à peine le temps de fuir.
- Les forces
anti-émeute investissent la ville de Tkout , Ils tabassent et arrosent
copieusement d’injures tous ceux qu’ils trouvent sur leur chemin, y compris
ceux qui sortent de la mosquée , perquisitionnent des maisons et multiplient les arrestations ,
- Les personnes arrêtées,
dont des parents et des personnes mineures, vont subir de très graves sévices :
les détenus étaient systématiquement injuriés, insultés, giflés, déshabillés,
puis roués de coups sur toutes les parties du corps, des témoignages incontestables
font état de sodomie pratiquée par les gendarmes sur les jeunes détenus.
- Les forces de sécurité
vont ensuite investir la ville, la bouclant entièrement, sans aucune
possibilité pour quiconque d’y entrer ou d’en sortir par la route.
- Les domiciles des
personnes en fuite particulièrement les membres du mouvement citoyen sont
étroitement surveillés et leurs parents et membres de leurs familles sont
l’objet de toutes sortes de menaces et d’intimidations, le père de Salim Yezza
ainsi que son frère cadet seront arrêté, sommairement jugés, condamnés
puis écroués à la prison d’Arris.
- Après cette semaine
folle, le nombre des arrestations s’élève à
plus de 120, dont 37 d’entre eux vont
être déférés devant le procureur près le tribunal
d’Arris.
-
Le 26 mai ; le
journal « Le matin » sous la
plume de Abla Cherif publie un article
qui choquera l’opinion publique
algérienne, la journaliste a rencontré
des jeunes Tkoutis qui venaient d’être libérés des locaux de la
gendarmerie et leur a donné la parole « Ils ont pris tout le groupe et nous ont
alignés après nous avoir déshabillés. Ils nous ont demandé de nous pencher vers
l'avant » « La plupart ont été sodomisés, voilà la vérité. Beaucoup ont
d'ailleurs énormément de mal à reprendre le dessus. Mais la torture ne s'est
pas arrêtée là. Les jeunes arrivaient au fur et à mesure. Les gendarmes les ont
déshabillés et obligés à s'agenouiller. "A genoux, faites la prière",
lançaient-ils …..
-Le même jour dans les
colonnes du journal Le matin, Mohamed
Benchicou le directeur, dénonce cet « Abou Ghraïb algérien » dans l’une de ces célèbres chroniques dont le
titre est inspiré par un graffiti trouvé sur un mur de Tkout , « Cette Algérie qui hurle en silence »
- Le 26 mai ,
une enquête est conduite par
des fonctionnaires du Ministère de la justice dépendant de la cour de Batna.
Ceux-ci conclus à l’absence de torture en dépit du fait que neuf des jeunes
gens arrêtés auraient réitéré les déclarations faites à la presse. Le
lendemain, un communiqué de la gendarmerie
nationale nie toute pratique de torture infligée aux détenus de T'kout.
-
29 mai, les commerçants de
la ville de Tkout n’ont pas ouvert leur boutiques à l’appel des animateurs du mouvement
citoyen qui la veille ont distribué des
tracts appelant tous les commerçant de la ville de Tkout de faire grève en signe de protestation . Abbas Djamel, le
maire de la commune, et certains élus ont tenté de persuader les commerçants
d’ouvrir leurs magasins en vain.
-une marche a été prévue mais n’a pas pu eu lieu
finalement.- En même temps, se tenait à Arris le procès de jeunes arrêtés. Accusés d’attroupements, incitation à attroupement, diffusion de tracts et atteinte aux biens d’autrui, condamné à de lourdes peines :
Meziani Fouzi (huit mois), Beziane Abdelouahab (six mois), Abassi Rachid (six mois), Daoudi Essaid (six mois), Aichi Hessane (huit mois), Yeza Abdeslam (huit mois), Titaouine Salim (huit mois), Lounissi Abdelkrim (six mois), Yakoub Abderrezak (huit mois), Zerdoumi Abdelmadjid (six mois), Chatri Khaled (trois mois), Saidi Rachid (six mois), Berbachi Ali (trois mois), Kerbai Samir (trois mois), Kerbai Mohamed Tayeb ( trois mois), Meziani Karim (trois mois), Gharik Ahcene (trois mois), Bezala Essaid (trois mois), Yeza Salim (En fuite , 2 ans de prison ferme , et mandat d’arrêt .), Megharmi Djamel (1 an), Boussetta Abdenacer (huit mois), Djouara Djamel (huit mois), Yeza Mohamed (trois mois), Khellafi Toufik (trois mois), Agali Abderrezak (trois mois), Titaouine Ali (six mois), Bezala Ali (six mois), Lounissi Tahar (trois mois), Zerdoumi Amar (six mois) , djaafer Abderrezagui (deux mois) , Karim Yezza ( deux mois) . Ces peines seront confirmé par le tribunal de Batna quelque dizaine de jours après dans un simulacre de procès comme l’ont qualifié les avocats des accusés et les défenseurs des droits de l’homme, cinq jeunes seront acquittés.
- Le élus communaux
rendent public un communiqué pour dire
qu’il n’y a jamais eu de «torture sur les jeunes qui ont été arrêtés, qui
sont tous majeurs. Leur nombre, ajoute le communiqué, ne dépasse par 28, pour
dire qu’il n’y a eu aucune atteinte à l’intégrité des femmes, ni violation de
domicile au cours de l’intervention des forces de l’ordre». Les élus
affirment dans leur communiqué que «des parents ont remis, en connaissance
de cause, leurs enfants aux éléments de la gendarmerie».
Dans plusieurs localité des Aurès auront lieu des
actions de protestation en solidarité avec les jeunes de T’kout , à Zoui ( Aith
Réchech) elles vont dégénérés en émeutes contre les gendarmes, 30 jeunes seront
arrêté et présenter devant le procureur de la république.
- 30 mai, le quotidien
Liberté publie de nouveaux témoignages de jeunes de T'kout torturés par les
gendarmes.
- Une caravane du mouvement citoyen de Kabylie qui est venu exprimer leur solidarité avec les familles de victimes ont dû rebrousser chemin empêchée par les barrages de la gendarmerie nationale de participer au sit-in de protestation prévu devant le tribunal d’Arris où seront traduits les manifestants et délégués.
- Une caravane du mouvement citoyen de Kabylie qui est venu exprimer leur solidarité avec les familles de victimes ont dû rebrousser chemin empêchée par les barrages de la gendarmerie nationale de participer au sit-in de protestation prévu devant le tribunal d’Arris où seront traduits les manifestants et délégués.
- 1
juin, une conférence de presse organisée communément entre une
délégation du mouvement citoyen de Kabylie (Belaïd Abrika) et des avocats du
collectif de défense des détenus de T'kout (Mes Salah Hanoune et Fatiha
Rahmouni ) s’est tenue à Alger pour alerter l'opinion publique nationale et
internationale sur la gravité de la situation dans la ville de Tkout.
- Le 14 juin, le ministère de
la défense engage des poursuites à l’encontre de Mohamed Benchicou (alors
emprisonné à la maison d’arrêt d’El harach pour une autre affaire) et la
journaliste Abla Chérif pour la publication de témoignages de jeunes citoyens
de T'kout affirmant avoir été torturés après leur arrestation par la gendarmerie.
Les deux mis en cause sont accusés de diffamation et d'outrage à une
institution officielle. Le procès a été fixé au 6 juillet prochain au tribunal
de Sidi M'hamed.
- Un nouveau mandat d’arrêt
sera délivrer contre Salim Yezza
assorti d’une condamnation à un an de prison ferme par contumace , dans l’affaire dite des caricatures contre
Bouteflika , le 1 octobre 2003 à la veille de la visite du
président de la république à Arris , Salim Yezza avait distribué des tracts
avec une caricature qui critique une
déclaration du président qui avait qualifié les chaouis de « goinfreur de
makrout » .
-
Le 6 juillet, le jour de procès,
la partie plaignante représentée par le ministère de la Défense, ne s'est pas
présentée au tribunal .La juge du siège décide du renvoi de l'audition au 9
novembre prochain. (il sera reporté encore une fois, et renvoyé au 24 novembre)
.
- Les témoins auront fait le voyage Tkout- Alger 3 fois, bravant la fatigue et la longueur du trajet, le père de Salim et sa mère seront présents pour
le 24 novembre.
- une grève générale dans la
ville de T’kout organisée par le mouvement citoyen des Aurès en signe de
soutien aux deux journalistes du Matin.
-17 juillet, la répression
continu à Tkout , trois jeunes , Mounir
B., Y. Aït Semer et H. Athmani alors
qu'ils collaient des affiches appelant à la libération des détenus du mouvement
citoyen et des journalistes, ont été arrêtés, les affiches en question
montraient les photos des jeunes incarcérés soulignées par le mot d'ordre «
Ulac smah ! » .
-
le 24 juillet, Le Matin est
suspendu et mis en liquidation par ses actionnaires.
- Le 24 novembre l’affaire
est jugée, le père et la mère de Salim Yezza étaient présent en tant que
témoin, l’affaire est mise en délibéré, le 7 décembre Mohamed Benchicou et Abla
Chérif sont acquittés, M. Benchicou restera en détention pour d’autre affaire.
tu oubilée deux combatant ont été prisonnée mon frere djaafer ebderrezagui et mon cousin karim yezza les deux pour deux mois. :/ azul fellak et merci mon cher frere malgré uchessinakhcha mais les publications nek et votre travail formidable .
RépondreSupprimer@ Akçel Ilmathen : Dans notre article nous nous sommes basé sur les compte-rendu de la presse de l'époque et des témoignages de certaines personnes qui ont été des acteurs de ces évènements , pour Karim Yezza nous avions eu l'information qu'il a été bel et bien embraqué mais nous ignorions qu'il a été condamné à deux mois de prison .
RépondreSupprimerOn va ajouter Djaafer Abderrezagui et Karim Yezza à la liste des jeunes condamné à la prison ferme , tanamirth awma .
Tanemirt Amraw n-amrir tɣawsa teḥla s ɣarek a uma ad tarid f sentel aya
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