Salim Yezza le principal animateur de la protestation de Mayu
Aberkan est le symbole de la jeunesse chaouie qui ose affronter l’injustice et la tyrannie, lors des évènements du 13
mai 2004 à T’kout il va faire l’objet de l’acharnement d’un Etat voyou
qui n’aura aucun scrupule à recourir aux méthodes les plus
ignobles pour le réduire au silence
, on le traque , le condamne par contumace à des lourdes peines lors de parodies de procès , le menace à s’en prendre
à sa famille s’il ne rendrait pas , on mettra ces menaces à exécution , en faisant intrusion chez lui en dehors de tout cadre
légal embarquant son père et son frère ,
un lycéen , les service de sécurité les accuseront tous les deux de trouble à l’ordre public et
destruction de bien , alors qu’ils n’ont
jamais pris part à l’émeute.
Salim Yezza va se réfugier
pendant les premiers jours de la
répression dans les maquis environnants, perpétuant ainsi la tradition des bandits d’honneur des Aurès,
et l’un des plus célèbre parmi eux Messaoudh Ugzelmad , ce justicier au grand cœur dont la bravoure
et la droiture est encore chanté par la
mémoire populaire , Salim Yezza sera contraint à vivre en clandestinité pendant
un an , mais prenant une part active dans la direction au sein du
« mouvement citoyen des Aurès »
qui organisera la réplique contre l’acharnement des éléments de
sécurités et de la justice algérienne contre la population de Tkout .
Né le 28 janvier 1974 à T’kout, sa mère, une femme de caractère lui transmis son amour de la liberté et son intrépidité,
très jeune il développe un grand intérêt pour l’histoire berbère et surtout au
tifinagh ; qu’il lisait et écrivait déjà à l’âge de 11 ans grâce à son
cousin Balkacem qui était enseignant de tifinagh à Bejaïa.
Hocine Mohamedi , un militant berbériste de Tkout découvre
la conscience précoce du jeune Salim , il le prends sous son aile ainsi que
d’autre enfants tkoutis , il leur fait
écouter la musique contestatrice du
groupe Debza interdit à l’époque et leur donnera des cours d’anglais , en
réalité ces militants en herbe vont apprendre plus sur l’engagement politique
et identitaire que sur la langue de Shakespeare
.
En 1989 Hocine Mohamedi
avec d’autres militants vont créer l’association amazigh de T’kout ,
dans laquelle Salim va être un membre très actif malgré son jeune âge , il
apprendra beaucoup au sein de cette association qui éditera notamment la revue
«Tamusni » .
Lycéen, Salim Yezza se fait connaitre par idées berbériste,
participera à toutes les contestations à
T’kout et à Arris, ensuite à la faveur
de l’éphémère ouverture démocratique en Algérie consécutive aux évènements
d’octobre 88 , Salim se jette dans
l’action syndicale , il présidera le syndicat des commerçants de T’kout , à Ouargla
et un peu partout où il voyage .
L’assassinat de Massinissa Guermah et le déclanchement du
printemps noir en Kabylie était un tournant décisif dans l’engagement de Salim
Yezza , la répression féroce de la population en Kabylie a eu un échos dans
l’Aurès et particulièrement à T’kout , Salim nous dit « ce fut des
actions spontanée qui exprimait une colère contenue, les jeunes commençaient à
écrire des tags avec des slogans hostiles au pouvoir, aux gendarmes …ect , de là nous avions ressenti la nécessité de nous organiser , l’idée du mouvement citoyen des Aurès s’est
imposer d’elle-même » , Salim et ces amis vont participer à la marche
du MCB le 10 mai 2001 à Alger, organiseront une marche silencieuse le 25 mai 2001 à T’kout à l'occasion de l'hommage du militants Tahar Achoura pour dénoncer la
répression qui sévit en kabylie , le
groupe d’amis ne vont pas s’arrêter là , ils collaboreront avec d’autres
militants des autres région des Aurès , des réunions auront lieu à T’Kout et
Oum Bouagui le 31 mais 2001 en vue
d’organiser une grande marche , elle aura lieu à Batna le 7 juin 2001 et sera
au nom du MCA .
Quelles jour après Salim et ces amis vont créer le mouvement citoyen des Aurès ( Amussu Agherman n wawras ) sur la base d’une plate-forme de revendications identitaires, sociales et économiques.
Quelles jour après Salim et ces amis vont créer le mouvement citoyen des Aurès ( Amussu Agherman n wawras ) sur la base d’une plate-forme de revendications identitaires, sociales et économiques.
Le 21 juillet 2001, Salim
Yezza est contacté par un père de famille d’Arris, sa femme vient d’accoucher
et les services de l’état civile d’Arris refusent d’inscrire le nom du nouveau
né « Ghiles » , un sit-in est organisé devant la mairie d’Arris , devant
l’importante mobilisation le pouvoir local abdique , « Ghiles » est enfin inscrit dans
le registres des nouveau-né , la caravane des militants retourne à T’kout pour
organiser une journée de protestation pour en finir avec la discrimination
envers les prénoms berbères et
dénoncer la bureaucratie des pouvoirs locaux .
Infatigable militant , Salim va encore faire parler de lui ,
le 1 octobre à la veille de la visite du président de la république à Arris ,
Salim est arrêté alors qu’il distribuer des tracts contenants une caricature
tournant en dérision une déclaration de Bouteflika où il a qualifié les chaouis de «
goinfreurs de makroute » , Salim passera 5 heurs en détention de 16 h à
21 h et serait libéré suite a la mobilisation citoyenne a Tkukt .
Viennent ensuite les évènements de « Mayu
Aberkan » dont il était le principal animateur ce qui fera de
lui l’ennemi public numéro un des services de sécurité, il revient avec nous
dans cet entretien sur ces tragiques évènements.
- Combien a duré votre clandestinité ? Vous étiez où ?
Salim Yezza : ma clandestinité à duré un an, les premiers temps j’étais a T’kout
jusqu’au jour ou le mouvement citoyen de Tkout qui c’est réuni a Alger
décide de me faire sortir. En réalité à
Tkout je ne me sentais pas en clandestinité ; j’étais dans mon
environnement naturel du combat, j’étais bien protégé par les citoyennes et les
citoyens. Apres 15 jours du déclenchement des événements le mouvement a
organisé ma sorti de Tkout.
- Comment tu l’as vécu ?
Salim Yezza : à Tkout
j’étais sur le champ de bataille, ça veut dire que j’étais au courant de tout et je gérais la situation avec les militants et les
délégués qui étaient sur place ou à
l’extérieur de la ville , dans le feu de
l’action j’avais un sentiment d’être un
guerrier, le jour où je suis sorti de
Tkout ce fut très dur pour moi pourtant j’étais hors du danger . La
clandestinité est une rébellion contre
l’arbitraire, un refus de se soumettre à l’injustice, je la considère comme une forme de lutte .
-Quelle était l’issue de votre procès dans l’affaire de Mayu aberkan et celle des caricatures de Bouteflika ?
Salim Yezza: pour les évènements de Mayu Aberkan j’étais condamné a deux ans de prison ferme plus mandat d’arrêt, pour le caricature de Boutef un an de prison ferme et mandat d’arrêt, j’ai un autre procès concernant les graffitis en Tifinegh. Sans compter de nombreux autres procès entre 2001 et 2004, tous sanctionnés par des condamnations très sévères. Quoique je considère que ces procès comme une parodie qui prouve l’inexistence d’une justice indépendante en Algérie je considère tous ces ennuis judicaires comme un tribut que j’ai payé pour la démocratie et l’Etat de droit.
-9 ans après de ces tragiques évènements que reste-t-i de
Mayu Aberkan pour Salim Yezza ?
Salim Yezza : tout ce construit aujourd’hui sur Mayu Aberkan
puisque sa plate forme et ses revendications ses slogans sont toujours
d’actualité. Mayu Aberkan a renforcé notre détermination et nous a aidé à voir
plus clair notre propre réalité et la nature dictatoriale et violentes d’un régime médiocre
arabo-islamiste adepte du tout sécuritaire. Mayu Aberkan était le début d’un long processus ce n’était qu’une étape de notre combat qui n’est pas encore terminé, c’était le
premier pas dans la langue marche vers la dignité et la liberté.
-Une tragique nouvelle vient de tomber ce week-end, Salah Lounissi a été importé par la silicose, un mot ?
Salim Yezza : paix a son âme est a toutes les âmes qui ont lutté et souffert comme lui, sa mémoire restera parmi nous malgré son départ, Il a emporté avec lui une part de nous même et de notre histoire, faisons d’abord le deuil les jours viendront ou la justice leur sera rendue.
- T’kout vit aujourd’hui dans la pauvreté, les projets de développement dont la région a grand besoin demeure inexistants , pas de débouchée pour la jeunesse , la silicose frappe encore dans l’indifférence totale , vous pensez que le pouvoir central a la volonté de punir T’kout pour s’être révolté ?
Salim Yezza : Non, je ne pense pas, le mérite de ‘’Mayu aberkan’’ est qu’il a fait connaitre la situation dans laquelle vit la population de T’kout qui n’est pas très déférentes des autres régions du pays , le seul mérite des T’koutis c’est qu’ils se sont soulevés contre le mépris et l’injustice, ils ont montré qu’ils étaient des hommes libres .
- Quel regard portez-vous sur le mouvement de revendication identitaire dans les Aurès aujourd’hui ?
Salim Yezza : Comme tout mouvement social politique ou identitaire il a ses phases latente et ses phases manifestes. Il est plus fort que par le passé mais toujours à la recherche d’un cadre structuré et une coordination plus efficace.
IRAGZEN IMAZIGHEN NI FRIQIA
RépondreSupprimerTHADUKLI A YIMAZIGHEN AND2 MA THELAM
RépondreSupprimer