lundi 11 novembre 2013

Khenchela : la liquidation programmée de tamazight

Après quelques jours de repos à l’occasion du premier novembre et le jour de l’an de l’hégire, les élèves du cycle moyen et primaire reprennent les cours ce mercredi. Pour ceux du CEM Belfadhel Bayzid d’El Hamma (wilaya de Khenchela) c’est une reprise au goût amère, le directeur vient de décréter que 115 élèves devront être dispensés de l’enseignement de tamazight dans son établissement.
Le directeur connu pour être un zélateur d’une idéologie importée, n’a ménagé aucun effort pour pousser l’institutrice de tamazight à la porte, sa dernière trouvaille était de manipuler les parents d’élèves en leur faisant signer un papier qui certifie qu’ils ne veulent pas que leur progéniture étudie cette matière. Cette décision constitue le coup de grâce pour l’enseignement de tamazight dans la wilaya de Khenchela dont le nombre d’élèves ne cessait de rétrécir comme une peau de chagrin depuis des années.
"La demande sociale" ou le racisme déguisé
Après l’introduction de tamazight dans le système éducatif algérien en 1995, son enseignement dans les Aurès est resté confiné dans les wilayas de Batna, Oum El Bouagui et Khenchela, il fera une apparition éclaire à Biskra avant de disparaitre. En plus d’être victime des entraves idéologique et le manque de la volonté politique pour la promouvoir, Tamazight pâtit de son statut de langue optionnelle, ce que les responsables appellent avec une pointe de cynisme la «demande sociale».
Avec juste trois enseignants pour toute la wilaya (160 pour Batna), l’enseignement de tamazight dans la wilaya de Khenchela vit la dernière phase d’une liquidation programmée.
Enseignant de tamazight dans les Aurès, le calvaire au quotidien
‘’Assalmedh’’ est un professeur de tamazight dans les Aurès qui a accepté de témoigner anonymement sur les conditions précaires de son métier, diplômé de l’université de Mouloud Mammeri de Tizi Ouazou, il est aujourd’hui professeur de tamazight dans un CEM , pour Assalmedh tamazight n’est pas considéré comme une matière à part entière "Le premier problème est le caractère facultatif de son enseignement, les instituteurs de tamazight sont sur des sièges éjectables, à la veille de chaque rentrée on se demande si nos classes seront épargnées ou pas par la fameuse "demande sociale", cette redoutable arme aux mains des directeurs des établissements", il pointe les conditions de travail particulièrement déficèles de l’enseignant de tamazight "En plus d’être constamment sous pression, je suis obligé de faire la navette plusieurs fois par jour entre deux établissements déférents pour dispenser mes cours", dans le volet pédagogique les carences sont flagrants "on travail avec des manuels scolaires inadaptés aux normes pédagogiques, les promesses du ministères formulés depuis 2007 pour l’édition de nouveaux manuels sont resté lettre morte, ajoutez à cela qu’au contraire de ne confrères kabyle, dans les Aurès on est obligés d’utiliser l’alphabet arabe ce qui est complètement aberrant !", Asslamadh espère voir le statut que l’enseignant de Tamazight évoluer "sinon je vais envisager sérieusement ma reconversion et suivre l’exemple de plusieurs de mes confrères qui à bout de force ont préféré jeter l’éponge", conclut-il dépité.
Comme le montre les chiffres que fourni périodiquement le HCA (Haut commissariat pour l’amazighité) l’enseignement de la langue amazigh connait un net recul sur tout le territoire national faisant d’elle le maillon faible du système éducatif algérien, et ce malgré son statut de langue nationale depuis février 2002. La généralisation et la l’obligation de son enseignement, demeurent aujourd’hui aux yeux des enseignants et des spécialistes les seules garants de sa pérennisation.

Jugurtha Hanachi , Le Matin DZ .

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