mercredi 11 avril 2012

Mihoub , La voix de l’Aurès

Mihoub  Abdessalem
« Mihoub  Abdessalem » de son vrai nom est le chanteur chaoui qui a incarné le plus l’âge d’or de la chanson chaouie  engagée, il est le symbole de toute une génération de jeunes militants de la cause amazigh dans les Aurès, né le 19/10/1960 à Timsunin ( M’chounèche , la belle oasis du sud de l’Aurès  qui dépends administrativement de la wilaya de Biskra dont elle est distante de 30 km )  Mihoub est considéré (avec  Amirouche)  comme le  précurseur de la chanson revendicative chaouie .
 Ce petit  bonhomme , vif, connu par sa mandole et sa  discrétion légendaire se remémore ses  débuts dans la  musique à la fin des années 70  «  on était un groupe de jeunes  copains pour qui la musique constitue le seul refuge pour échapper à la dureté du  quotidien   , dans  la fraicheur  des palmeraies de Timsunin au milieu du ruissèlement  monotone d‘Ighzar Amellel ,  on jouait souvent  de la guitare… » , « … quelques années après on a voulu enregistrer notre premier   album mais avec notre music protestataire  et frondeuse  la quête d’un éditeur  s’est révélé un vrai parcours de combattant »  se souvient Mihoub , leur première chanson va être enregistrée en  1989 ( Sililumt a lxalèth ) et un album en collaboration avec Elhadi Boures  qui écrira  les paroles ,  dont les évènements sanglants d’octobre 88  vont être le sujet principal , il sera suivi d’un deuxième  ‘’ Akkerd falek  a yarguèz ‘’ en 1992 qui va être la révélation de la chanson chaouie , le public va découvrir une nouvelle façon de chanter en chaoui , loin des vieux poncifs de la chanson festive et folklorique , la musique de Mihoub va s’inscrire dans l’idéal du printemps berbère , et reprendre ces revendications , l’officialisation de Tamazight , la reconnaissance de l’histoire berbère et son rôle primordial dans l’identité et la personnalité algérienne  ,réhabilitation de  la mémoire des  héros amazighs ; Dihya , Massinissa , Jughurta ….etc. La chanson ‘’Akkerd falek  a Yerguèz’’ ( qui a donné  le titre de l’album ) est une exhortation aux jeunes chaouis de  se réapproprier leur histoire et leur identité , ‘’ Deg nebdhu’’ ( en été ) cette chanson  est une chronique de l’été particulièrement chaud de 1992 et son lot de désordre après l’arrêt du processus électoral , ‘’Ilabazen’’ une critique au vitriol de l’intégrisme islamiste et son projet  obscurantiste qui constitue une menace pour l’Algérie , cette prophétie va malheureusement  s’avérer juste quelques années plus tard  , cette chanson et l’engagement résolu  de l’artiste en faveur d’une société démocratique et son rejet de la diktat intégriste va lui valoir l’ire des hordes du GIA qui dans leur funeste  entreprise d’élimination des intellectuelles et les artistes algériens vont  inscrire Mihoub dans leur liste noir , lequel loin d’être intimider par les menaces de mort  qu’il reçois régulièrement  , sortira  son troisième album ‘’ Tidhet’’ en 1995 avec le concoure du poète Yahia Aïdi qui va devenir  son compagnon de route et qui va écrire les paroles du quatrième album sorti en 2002 , et le cinquième en 2008 ‘’Amlayam’’ .
 Dans cette  carrière riche de plus de 25 ans, consacrée  à la défense de la culture chaouie ,  Mihoub  a eu à surmonter  moult  obstacles «  pendant la décennie noir , en plus du danger terroriste omniprésent , nous avion dû faire contre l’acharnement du pouvoir à combattre toute forme d’expression de l’identité chaouie , ainsi lors des  galas  certains commis de l’Etat dans un excès de zèle se transforment en de véritables  inquisiteurs  pour nous demander de ne pas chanter telle ou telle chanson , ce qui nous empêchait pas de la chanter une fois sur scène » dit-il avec un sourire  malicieux , et d’enchainer  «  Aujourd’hui  la chanson chaouie engagée est malheureusement délaissée au profit de la chanson festive et folklorique  plus facile à faire et à commercialiser , en l’absence de prise de conscience salvatrice cette musique qui était le fer de lance de notre combat va disparaitre à jamais » conclu-t-il avec amertume .
 Aujourd’hui Mihoub est professeur de musique à Timsunin , il n’hésite pas à encourager  les jeunes  artistes en herbes et leur prodiguer  des conseils  pour l’émergence  d’une relève capable de reprendre le flambeau de la lutte .

2 commentaires:

  1. Bravo amrir ,ton style est à la hauteur de l'artiste ,bonne continuation et au nom de tous imazighen thanemirth pour ce que vous faites ( tous les deux) pour notre peuple ! merci de tout coeur !

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  2. salut mon frere HAFFA DJOUBRI FRANCE oussird 2005 N TROA AVEC SLIMANE NSSE
    L BIRA MA IRSSE REBE A DASSERE OUA NZHA RABA ARNE UNHA IUMA

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