mercredi 6 février 2013

Le palais de Dihya à Baghaï , un important site archéologique en péril


Le portail d'entrée du palais de Dihya

Les sites archéologiques dans le pays chaouis sont entrés dans une phase critique, non seulement les opérations de restaurations se sont pas entreprises, mais l’Etat ne semble  pas avoir la volonté politique pour protéger  ces sites des dégradations   du temps et du vol qui s’est transformé  en grand banditisme où des réseaux importants se sont constitué  pour  piller littéralement les sites archéologique dans l’Aurès et dont la presse nous révèlent de temps en temps l’ampleur  , « Imadracen » qui a prétendument fait l’objet d’une restauration qui a coûté officiellement  50 000 DA  a été en fait grossièrement mutilé  parce que cette intervention était faite en dehors de tout système de contrôle de conformité et de critères de qualification des intervenants , le site de « Lambèse » de Tazzult continu de subir tous les outrages , chaque jour des citoyens emmener à faire des travaux de constructions tombent sur  des vieux vestiges  ou des  nécropoles qui sont soit détruits soit vendu au milieu de l’indifférence totale des responsables locaux ,   les sites archéologique de « Mellagou » , de « Fouris » près de Zoui où une ancienne mosaïque  est en train de se dégrader du fait de l’érosion et de la pluie   ,  ou encore la nécropole mégalithique de Chemora ,  les balcons de Ghoufi , le vieux village de Timsunin  (M-chouneche)  sont en plein dégénérescence .

Parmi tous ces sites archéologiques  à la valeur inestimable, il y en a un dont on parle très peu  malgré le degré avancé de sa détérioration, c’est le palais de la reine Dihya  ( ou Ksar El Kahina ) de Baghaï  , ce vestige important de la période post byzantine , fut érigé  par le rois numide Bidas dans la pleine de Baghaï et en a fait un camp militaire pour repousser les assauts des byzantins  commandé par  Bélisaire qui fut envoyé vers 534 par l’empereur byzantin Justinien  en expédition contre les Vandales  qui dominaient l’Afrique à cette époque .


Le site du palais de Dihya




A son tour, la reine Dihya qui avait pris le flambeau de la résistance berbère contre l’invasion arabe après la mort de Aksel ( kossaïla)  fit ériger dans cette région plusieurs forteresses  lors de son opposition à l'avancée de l'armée de  Hassan Ibn Nouamane qu'elle a défait en l'an 680 juste après qu'il eut conquis Carthage. Elle affrontera une seconde fois, en 701, l'armée de ce même général, près de Kaïs (28 km de Khenchela) où elle fut vaincue et contrainte de se réfugier près de Bir El Ater (Tébessa),  là elle fut encerclée avec son armée en déroute et fut tuée et jetée dans un puits qui fut baptisé ensuite « le puits de Kahina »  ce qu’il va devenir après  la ville de Bir El Ater aujourd’hui  ou (Bir El Kahina ) , sa décapitation et l’envoie de sa tête en orient est jugée peu plausible par les historiens  , ainsi plusieurs activistes chaouis appellent les pouvoirs publics et les responsables de la culture de la wilaya de Tebessa d’engager des fouilles archéologiques  dans ce site afin d’en savoir plus sur  la mort de la reine chaouie .
Le puits dans lequel la reine Dihya aurait été jetée par les arabes après l'avoir tuée

Le site du château de Kahina  se situe à 3 km de la ville actuelle de Baghaï , il s’étend sur 40 hectares dont seulement 800 m sont clôturés avec un mure en béton dont le portail rouillé  témoigne la négligence et le  délaissement ,     le reste du site est  toujours livré aux agressions des troupeaux en pâture et aux voleurs des vieilles pièces archéologiques . Pour les spécialistes  le site du palais de Dihya correspondait au vieil  emplacement  de la ville de « Baghaï » , appelée « Baghaïa » par Ibn Khaldoune , il renferme des traces d’homidés  préhistoriques,  il  était déjà un municipe romain au IIe siècle , camp militaire du rois Bidas , il passera sous domination byzantine après la défaite de ce dernier , la reine Dihya y construisit son château  , avant de passer en 901 sous la domination des Beni Hammad puis des Zirides. La vieux Baghaïa  sera dévastée lors de l’invasion hélilienne au milieu du XIe siècle.

Les militants et les acteurs associatifs dans les Aurès ont appelé à maintes reprises l’Etat algérien et les responsables de la culture à engager des travaux urgents en vue de sauver et de mettre en valeur cet important  site, et  plaident  pour l’inscription du site par l’UNISCO dans  la liste du  patrimoine mondial menacé.

Pour rappel,  l’association Aurès El-Kahina a fait ériger au centre-ville de Baghaï une statue, grandeur nature, représentant la reine Dihya . 


Mur de clôture entourant le site  


Cette statue, en hommage à cette importante figure de l’histoire berbère, a été inaugurée en février 2003 par le président de la république, lors de sa visite dans la wilaya.


Cette statue grandeur nature, faite en acier Corten est sculptée par l’artiste Boukhalfa Ali qui s’est inspiré des anciennes pièces de monnaie  à l’effigie de la reine ,  est malheureusement  dans un mauvais état à cause de la négligence et les comportements  outrageux de certains citoyens qui ont transformé la stèle en panneaux publicitaire on y accrochant des affiches électorales, des fanions …ect. Contacté par nos soins, le maire de Baghaï nous a déclaré que les travaux de mise en valeur de la stèle sont lancés, et que la pose d’une plaque en Tifinagh est enfin prévue  comme le revendiquaient depuis des années les associations et les militants chaouis .



La stèle de la reine à Baghaï



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