Le portail d'entrée du palais de Dihya |
Les sites
archéologiques dans le pays chaouis sont entrés dans une phase critique, non
seulement les opérations de restaurations se sont pas entreprises, mais l’Etat
ne semble pas avoir la volonté politique
pour protéger ces sites des
dégradations du temps et du vol qui
s’est transformé en grand banditisme où
des réseaux importants se sont constitué
pour piller littéralement les sites
archéologique dans l’Aurès et dont la presse nous révèlent de temps en temps
l’ampleur , « Imadracen » qui
a prétendument fait l’objet d’une restauration qui a coûté officiellement 50 000 DA a été en fait grossièrement mutilé parce que cette intervention était faite en
dehors de tout système de contrôle de conformité et de critères de qualification
des intervenants , le site de « Lambèse » de Tazzult continu de subir
tous les outrages , chaque jour des citoyens emmener à faire des travaux de
constructions tombent sur des vieux
vestiges ou des nécropoles qui sont soit détruits soit vendu
au milieu de l’indifférence totale des responsables locaux , les sites archéologique de
« Mellagou » , de « Fouris » près de Zoui où une ancienne
mosaïque est en train de se dégrader du
fait de l’érosion et de la pluie , ou encore la nécropole mégalithique de Chemora
, les balcons de Ghoufi , le vieux
village de Timsunin (M-chouneche) sont en plein dégénérescence .
Parmi tous ces sites
archéologiques à la valeur inestimable,
il y en a un dont on parle très peu
malgré le degré avancé de sa détérioration, c’est le palais de la reine
Dihya ( ou Ksar El Kahina ) de Baghaï , ce vestige
important de la période post byzantine , fut érigé par le rois numide Bidas dans la pleine de
Baghaï et en a fait un camp militaire pour repousser les assauts des
byzantins commandé par Bélisaire qui fut envoyé vers 534 par
l’empereur byzantin Justinien en
expédition contre les Vandales qui
dominaient l’Afrique à cette époque .
Le site du palais de Dihya |
A son tour, la reine Dihya qui avait pris le flambeau de la
résistance berbère contre l’invasion arabe après la mort de Aksel ( kossaïla) fit ériger dans cette région plusieurs
forteresses lors de son opposition à
l'avancée de l'armée de Hassan Ibn
Nouamane qu'elle a défait en l'an 680 juste après qu'il eut conquis Carthage.
Elle affrontera une seconde fois, en 701, l'armée de ce même général, près de
Kaïs (28 km de Khenchela) où elle fut vaincue et contrainte de se réfugier près
de Bir El Ater (Tébessa), là elle fut
encerclée avec son armée en déroute et fut tuée et jetée dans un puits qui fut
baptisé ensuite « le puits de Kahina » ce qu’il va devenir après la ville de Bir El Ater aujourd’hui ou (Bir El Kahina ) , sa décapitation et l’envoie
de sa tête en orient est jugée peu plausible par les historiens , ainsi plusieurs activistes
chaouis appellent les pouvoirs publics et les responsables de la culture
de la wilaya de Tebessa d’engager des fouilles archéologiques dans ce site afin d’en savoir plus sur la mort de la reine chaouie .
Le puits dans lequel la reine Dihya aurait été jetée par les arabes après l'avoir tuée |
Le site du château de Kahina se situe à 3 km de la ville actuelle de Baghaï , il s’étend sur 40 hectares dont seulement 800 m sont clôturés avec un mure en béton dont le portail rouillé témoigne la négligence et le délaissement , le reste du site est toujours livré aux agressions des troupeaux en pâture et aux voleurs des vieilles pièces archéologiques . Pour les spécialistes le site du palais de Dihya correspondait au vieil emplacement de la ville de « Baghaï » , appelée « Baghaïa » par Ibn Khaldoune , il renferme des traces d’homidés préhistoriques, il était déjà un municipe romain au IIe siècle , camp militaire du rois Bidas , il passera sous domination byzantine après la défaite de ce dernier , la reine Dihya y construisit son château , avant de passer en 901 sous la domination des Beni Hammad puis des Zirides. La vieux Baghaïa sera dévastée lors de l’invasion hélilienne au milieu du XIe siècle.
Les militants et les acteurs
associatifs dans les Aurès ont appelé à maintes reprises l’Etat algérien et les
responsables de la culture à engager des travaux urgents en vue de sauver et de
mettre en valeur cet important site, et plaident pour l’inscription du site par l’UNISCO dans la liste du patrimoine mondial menacé.
Pour rappel, l’association
Aurès El-Kahina a fait ériger au centre-ville de Baghaï une statue, grandeur
nature, représentant la reine Dihya .
Mur de clôture
entourant le site
|
Cette statue, en hommage à cette importante figure de l’histoire berbère, a été inaugurée en février 2003 par le président de la république, lors de sa visite dans la wilaya.
Cette statue grandeur nature,
faite en acier Corten est sculptée par l’artiste Boukhalfa Ali qui s’est
inspiré des anciennes pièces de monnaie à l’effigie de la reine , est malheureusement dans un mauvais état à cause de la négligence
et les comportements outrageux de
certains citoyens qui ont transformé la stèle en panneaux publicitaire on y accrochant
des affiches électorales, des fanions …ect. Contacté par nos soins, le maire de
Baghaï nous a déclaré que les travaux de mise en valeur de la stèle sont lancés,
et que la pose d’une plaque en Tifinagh est enfin prévue comme le revendiquaient depuis des années les
associations et les militants chaouis .
La stèle de la reine à Baghaï |
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