mardi 21 février 2012

Portrait d’un poète : Djamel Mokhtari


Djamel Mokhtari
Djamel Mokhtari  est un poète amateur comme il se défini lui-même, cet ancien instituteur de français à la retraite taquine volontiers la muse à ces heures perdues, et dans son petit village de T’kout haut perché sur les hauteurs des Aurès, ce n’est pas les sujets qui manquent, ses thèmes de prédilection il les puise généralement dans son entourage immédiat, mal vie, bureaucratie, absence des  libertés individuelles, népotisme…Etc., Djamel Mokhtari pourfend les vices  , les travers et  les aberrations de ces contemporains et plaide pour une nouvelle Algérie débarrassée de tous ces maux .
En plus d’une vingtaine  de  poèmes écrits en français, Djamel Mokhtari écrit des monologues en tachawit  dans le même style, en portant un regard ironique sur certain comportements du quotidien, sous une plume acérée   il s’amuse à traquer  les contradictions  de notre société pour mieux les dénoncer, et le tout dans un style simple et plaisant .

L’indifférent : (extrait)
Je suis descendu du bus avec mon indifférence
Je ne connais ni le chauffeur ni son receveur
Encore moins les voyageurs
 Peu importe
C’est un spectacle qui me laisse indifférent
Je marche
Le ciel est gris
Je crois qu’il est indifférent lui aussi !
Autour de moi tout est gris, tout est décevant
Les immeubles qui se dressent
Les arbres qu’on a coupés
Les forêts qu’on a brûlées
Tout sent le stress
Les belles voitures, les vendeurs qui crient
Les mannequins de la vitrine
Les robes en crêpe de Chine
J’en suis indifférent
Les informations du soir qui parlent du terrorisme
De la guerre en Irak
De la grippe aviaire
De l’enrichissement du nucléaire
L’émigration clandestine
Les élections en Palestine
La dévaluation du dinar
 la hausse du yen du dollar
le jugement de Saddam Hocine
Les visites de poutine
Les positions de ‘’Khadim El Haramèine’’
Cela m’est indifférent …




Les pneus : ( écrit en 2001 pendant des évènement de la Kabylie, extrait )
A tous les pneus du monde
Qui n’ont jamais voulu se donner la main
Et faire un grand cercle autour de la terre
Aux pneus qui devraient  pendre au bout d’une corde
Et blanchi par ….. la concorde
A tous les pneus noirs séparés des blancs
Par le mépris, la haine et la discorde
Aux pneus africains devenus américains !
A tous les pneus noirs de colère et de fumée
Brûlés ‘’vifs’’ à T’kout , à Tizi-Ouzou …
Ou en Palestine
Aux pneus suspendus sur les terrasses des maisons
Pour éloigner le mauvais œil !
A tous les pneus qui nous ont portés
Transportés et supportés
Aux pneus abandonnés par leur véhicule
 Qu’ils ont véhiculé
Et qui en signe de reconnaissance
Les jette, chaussent d’autres … qui subiront le même sort
A tous les pneus criblés de balles
Dans les faux barrages !
Aux pneus qui souffrent aux bords des routes
 Aux intempéries
A tous les pneus qui nous ont gouvernés !
Aux pneus qui nous ont berné
A tous les pneus innocents
Qui croupissent aux fonds des prisons !
Aux pneus coupables
Qui se gobergent dans les salons !
 A tous les pneus joufflus, ventrus et corrompus
Ils crèveront un jour !